Jean-David Levitte

Publication : 9 décembre 2022

Le Cercle des Européens a reçu Jean-David Levitte, qui a d’emblée exposé son analyse de la situation de guerre provoquée par la Russie en Ukraine.

Pour expliquer les raisons de la référence quasi-obsessionnelle de Vladimir Poutine à Kiev comme berceau de la Russie, il a fait un rappel historique très instructif en soulignant notamment comment, après bien des vicissitudes d’un pays sans cesse partagé entre les empires voisins, le nationalisme ukrainien s’est affirmé au XXème siècle notamment après que Staline ait donné à l’Ukraine le statut de République de l’URSS. En 1991, l’Ukraine a pris son indépendance puis, en 1994, elle s’est déclarée neutre en se joignant tant à la CEI qu’au Partenariat pour la Paix de l’OTAN. Mais, à l’instar des positions prises par les autres pays de l’ancien Bloc de l’Est, la question de l’adhésion à l’OTAN est venue dans le fil des conversations diplomatiques, notamment d’abord entre les Présidents Clinton, Eltsine et Chirac. L’évolution de la situation politique en Russie avec l’arrivée au pouvoir de Poutine a complètement changé la donne.
L’objectif que ce dernier poursuit depuis lors étant de restaurer la grandeur de la Russie, il entreprend une « reconquête » des pays voisins, à commencer par la Géorgie en 2008. Aujourd’hui en 2022, son objectif en Ukraine est bien l’occupation de son territoire et la russification de sa population. La situation actuelle (que tout le monde connaît désormais) est devenue à l’inverse une cohésion massive de la population autour du Président Zelenski et une solidarité européenne qui ne faiblit pas.
Dans un second temps, en soulignant combien cette guerre européenne était déjà annonciatrice d’un monde nouveau, Jean-David Levitte s’est attaché à en esquisser les contours en mettant l’accent notamment sur la nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine et sur l’attitude marquée des pays émergents (qui – à l’instar de la Chine - disent oui à la modernisation de leurs économies, mais non à la démocratisation ; ainsi en va-t-il de la Turquie, de l’Iran, de l’Inde, notamment). Face à ces défis nouveaux et renforcés, L’UE doit jouer son rôle et conquérir son autonomie stratégique.