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Intervention du 23/01/13

L'intervention française au Mali, un nouvel échec pour l'Europe de la défense ?

Dans sa chronique "Le Monde selon Noëlle Lenoir" sur France Culture, la présidente du Cercle des Européens s'exprime sur le besoin d'une Europe de la défense, pour le moment introuvable.

Après l’attaque meurtrière par les Jihadistes du site algérien gazier d’In Amenas à la frontière de la Libye, en riposte, selon l’un de leurs leaders, à l’intervention de « la France des croisés et des Juifs sionistes contre les musulmans du Nord-Mali », la question de l’existence ou non un jour d’une défense européenne se pose de nouveau d’une manière particulièrement dramatique.

Pour l’instant, et à mon avis pour un certain temps encore, les soldats français seront les seuls Européens à intervenir au Nord-Mali pour stopper la conquête de la région par les groupes islamistes relevant d’Al Qaida. Les partenaires de la France au sein de l’UE l’ont exprimé sans ambiguïté : ils ne se joindront pas à cette opération militaire.

Pourtant ce n’est pas faute pour eux d’avoir été alertés de la menace que représente pour la sécurité globale la montée du terrorisme islamisme dans cette partie de l’Afrique. Dès mars 2011, l’UE avait adopté en effet une « Stratégie sur le Sahel » qui fait de la lutte contre cet extrémisme une priorité. Mais depuis la situation s’est empirée au point que le Président Hollande – face au risque d’écroulement de l’Etat malien – a décidé de répondre à l’appel lancé à l’armée française par le Mali.

Cela veut-il dire que l’Europe a définitivement renoncé à devenir un acteur global à côté des Etats-Unis, de la Chine, de l’Inde, du Brésil ou de la Russie par exemple ?

Les gouvernements de l’Union font en tous cas comme s’ils renonçaient également à toute véritable indépendance militaire.

L’Europe de la défense est-elle morte ? Je ne le crois pas, car des évolutions se dessinent.

L’Europe ne devrait pas se résigner à rester un gnome politique. Or le fait que l’opération malienne de 2013, en dépit des risques d’enlisement qu’elle comporte, est bien mieux soutenue par les Européens que l’opération libyenne de 2011 est déjà un progrès.

Quand on lit aujourd’hui les commentaires sur l’intervention franco-britannique en Libye, on a l’impression que c’en est fini de toute velléité des Européens de se doter à terme d’une défense commune. Car pour beaucoup, l’Europe à l’époque s’est illustrée par deux mots : « dissension et passivité » :

- Dissension, car en particulier l’Allemagne s’était abstenue au Conseil de sécurité de l’ONU sur une intervention en Libye, même limitée à des frappes aériennes ;

- Passivité, car le service diplomatique de l’UE – le Service Européen d’Action Extérieure commun – placé sous la responsabilité de Mme Ashton, Haut représentant pour la Sécurité et les Affaires étrangères de l’Europe – était resté en retrait.

Et puis, il faut le rappeler, sans le fort appui logistique des Américains, cette opération conduite dans le cadre de l’OTAN n’aurait pu être menée.

A l’occasion de l’affaire du Mali, il y a cette fois-ci plus qu’un semblant de coordination européenne et la cacophonie habituelle aux institutions de l’UE a été évitée:

  • D’une part, il n’y a pas de la part des 26 partenaires européens de la France de déni de responsabilité, comme cela avait été le cas lors de l’intervention franco-britannique en Libye.
  • D’autre part, des missions européennes se mettent en place pour former l’armée malienne notamment. Cette mission ne participera à des missions de combat, mais formera des combattants africains tant du point de vue de l’efficacité que du respect nécessaire des règles élémentaires du droit de la guerre.
  • Des financements seront seront versés à l’Union africaine et à la Communauté de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) via le Fonds européen de développement, pour faciliter le déploiement d’une force africaine multinationale.
  • Enfin et surtout un nombre croissant d’Etats européens – en dehors des Etats-Unis – apportent leur soutien logistique à la France (transports de troupes, renseignement…). UK, Danemark, Belgique… et grâce à notre compatriote Pierre Vimont, ambassadeur et adjoint de Mme Ashton, une cellule de crise à ce niveau assure la coordination indispensable.

C’est mieux, mais ce n’est pas encore cela, car le plus grand handicap de l’Europe, c’est sa mollesse !

Tout se passe comme si – empêtrés dans la crise – les responsables politiques européens n’osaient pas demander à leur électorat les efforts qui seraient nécessaires à la construction d’une Europe de la défense. Résultat : les budgets de la défense sont en chute libre, le chef d’Etat-major de la Suède ayant même déclaré qu’en cas d’attaque, son pays ne pourrait face à l’agresseur tenir plus d’une semaine ! La Grande-Bretagne est mieux équipée militairement, mais elle déteste toute idée d’intégration politique européenne.

Les citoyens européens ont en fait développé, et ce n’est pas vrai seulement en Allemagne, une culture du pacifisme. Un état d’esprit traduit dans la « soft security » prônée par Mme Ashton qui se plaît à souligner que la vocation de l’Europe, c’est l’humanitaire, et non le militaire.

Mais c’est dangereux, car les Etats-Unis, à l’heure des restrictions budgétaires, finiront par trouver que l’OTAN leur coûte trop cher et dirigeront leur politique de défense vers l’Asie.

Il ne s’agit pas de nier que l’œuvre la plus marquante de la construction européenne, c’est la paix. Mais « si tu veux la paix, prépare la guerre » (si vis pacem, para bellum), et cela aussi, il faudrait le rappeler aux élèves des lycées et collèges ! 

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