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Intervention du 14/04/11

Galileo premier projet industriel paneuropéen ?

Une fois n’est pas coutume. Pour une fois, en effet, l’Europe paraît aller de l’avant en surmontant pas après pas, les obstacles nombreux mis sur la route qui devrait conduire en 2020 au "full constellation", c’est-à-dire à la mise en place de tous les services – ouverts, de sécurité règlementée ou commerciaux – du programme de navigation par satellite, Galileo.

Des enjeux technologiques, mais surtout politiques

Une fois n’est pas coutume. Pour une fois, en effet, l’Europe paraît aller de l’avant en surmontant pas après pas, les obstacles nombreux mis sur la route qui devrait conduire en 2020 au "full constellation", c’est-à-dire à la mise en place de tous les services – ouverts, de sécurité règlementée ou commerciaux – de Galileo.

Ce projet de navigation par satellite, qui se veut plus perfectionné que le GPS américain qui domine la planète, revêt un triple enjeu. D’abord, s’il se réalise, il aura mis à contribution tout ce qui se fait de mieux dans la recherche et la technologie européenne de l’espace. Ensuite, Galileo assurera à l’Europe l’autonomie qui lui manque pour localiser les lieux où intervenir que ce soit pour le sauvetage des vies après des catastrophes, pour la couverture de missions de la paix (ou plus si affinités), pour le contrôle aux frontières Schengen ou encore pour la sécurité des transactions financières ou des transports en tous genres. Certes, Galileo n’évitera pas les tsunami, ni ne permettra sans doute de les anticiper longtemps à l’avance. En revanche, en facilitant la localisation des dommages aux biens et aux personnes, il permettra des interventions plus rapides et efficaces, par exemple, pour éviter des erreurs aussi funestes que celles commises concernant la centrale de Fukushima ! Enfin, Galileo se devra d’être complémentaire, plus que concurrent du GPS, les deux systèmes fonctionnant comme des systèmes de secours l’un de l’autre en cas de dysfonctionnements techniques ou liés à des attaques criminelles. Pour ces raisons, Galileo représente un effort de l’Europe pour renforcer son indépendance politique.

Des ratés et du retard

L’Union européenne n’a pas brillé par sa pertinence en lançant ce programme sans avoir réellement réfléchi à ses contraintes, et notamment au fait qu’il est exclu d’en attendre des retombées économiques directes avant longtemps. D’où deux erreurs d’appréciation commises dès le départ.

D’une part, les Européens n’ont pas compris qu’en sollicitant un consortium rassemblant tous les industriels éventuellement intéressés à participer au projet, ils le tuaient dans l’œuf. Ces industriels étaient des concurrents directs, mais surtout, ils n’étaient nullement attirés par un projet dont la rentabilité à court, voire moyen terme était plus qu’hypothétique. La formule du partenariat/public/ privé, envisagée à l’origine, est vite apparue totalement inadaptée. Mais il revient à Jacques Barrot, alors Commissaire européen aux transports d’avoir su faire comprendre qu’un projet d’intérêt général aussi incontestable pouvait et devait être financé par l’Union et les Etats. La chose est maintenant acquise.

D’autre part, confiée à ce consortium d’industriels, la gouvernance du projet n’était pas viable. Elle relève maintenant de l’action conjuguée de l’agence spatiale européenne pour la recherche et la technologie et de l’agence Galileo en charge de la sécurité et de l’accréditation (qui doit être transférée en République tchèque).

Ces ratés ont généré d’importants retards dont on paiera le coût. Mais surtout, ils ont incité d’autres pays – qui ne présentent pas toujours les mêmes garanties démocratiques dans l’utilisation de la navigation par satellite – à se doter de leur propre GPS national. Le Glonass russe a ainsi donné lieu au lancement de trois satellites. La Chine annonce son Compass. Le Japon et l’Inde développeront leurs propres systèmes.

On avance tout de même

Le succès de Galileo n’est pas acquis. Mais l’Europe avance. Quatre satellites seront lancés de Kourou en Guyane avec des lanceurs Soyouz. 18 satellites offrant des services opérationnels seront vraisemblablement en fonctionnement en 2014, c’est-à-dire demain. Et en 2020, le système devrait être au complet avec ses 30 satellites.

Les Etats-Unis et l’Europe ont été cette fois-ci capables de s’entendre sur la nécessaire compatibilité des deux systèmes GPS et Galileo (les Américains travaillent sur le GPS de troisième génération) et un accord vient d’être passé entre les deux parties.

Après le Conseil des ministres des transports du 31 mars 2011, la Commission européenne a annoncé la mise en œuvre du programme "safety for life" fondé sur le système EGNOS (opérationnel depuis 2009) dont l’intérêt est de renforcer la qualité des signaux du GPS. Un petit effet d’annonce bienvenu !

Question d’argent, non, question de volonté politique

Comme pour tout projet technologique d’ampleur, le coût économique de la réalisation de Galileo a été sous-estimé. Après l’avoir évalué à 3,4 milliards d’euros pour la période 2007-2013, voilà qu’il apparaît aujourd’hui indispensable de compléter ce budget à hauteur de 1,9 milliards dans le cadre des perspectives financières pour 2014/2020 (voir : Examen a mi-parcours du programme Galileo, janvier 2011). Et nous ne sommes peut-être pas au bout de nos peines.

Déjà les Britanniques appuyés par les Néerlandais font grise mine, et la Commission est sommée de faire des économies, ce que le Commissaire Antonio Tajani indique qu’il va faire sans délai. Rien n’est donc sûr, car les discussions sur le budget pluriannuel de l’Union sont maintenant l’occasion d’une empoignade entre Etats qui font les délices de la presse.

Pour autant, je constate que la volonté politique est là, et que les Britanniques sont isolés sur le sujet de Galileo. Plusieurs grandes entreprises de divers Etats membres (notamment Allemagne, France et Italie) ont remporté des appels d’offre très conséquents.

Tous les espoirs sont donc permis. Pour une fois, avant de dénigrer l’Europe pour son impéritie, attendons de voir. Rendez-vous d’abord à Kourou en septembre prochain pour le lancement des deux premiers satellites. On pourra alors imaginer que le premier projet industriel paneuropéen aura le même succès qu’Airbus. Et vivra l’Europe de la technologie avancée !

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