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Entretien du 30/11/07
François Guliana
Président du Parlement européen des Jeunes

Le Parlement Européen des Jeunes est avant tout une école de la citoyenneté

 Le Cercle des Européens : Le PEJ célèbre ses 20 ans d’existence le 5 décembre à Fontainebleau en présence de Frédéric Valletoux, maire et de Catherine Lalumière, ancienne ministre des affaires européennes et ancienne secrétaire générale du Conseil de l’Europe (voir photo). A quoi sert le PEJ ?

François GULIANA : Le Parlement Européen des Jeunes est tout d’abord une école de la citoyenneté. Notre ambition est d’éveiller les jeunes à l’importance d’être un citoyen actif, ce qui signifie s’intéresser aux questions de société, s’impliquer dans la vie de son lycée, de son quartier, de sa ville, ou participer à des activités sociales et associatives. C’est aussi une école de la démocratie. Les jeunes découvrent les vertus d’un débat constructif, suivant des règles d’échange, et dans un esprit de tolérance et de respect des idées d’autrui. Et bien entendu, c’est une école de l’échange culturel européen, en permettant chaque année à des milliers de jeunes européens de se rencontrer et de découvrir leurs différences autant que leurs points communs. Le PEJ-France est agréé jeunesse et éducation populaire, par le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports.

Qui sont vos adhérents au niveau européen, et au niveau français ?

Nos adhérents sont essentiellement des jeunes de 15 à 25 ans, qui participent à la gestion de l’association, tant au niveau international, que national et régional. Ce sont les jeunes qui organisent des activités pour les jeunes. Ils prennent des initiatives et ont le goût des responsabilités. Quelques adultes, notamment des professeurs, sont là pour donner des conseils, un gage de sérieux et sont aussi garants d’une certaine continuité. Comme nous aimons à le dire, la différence entre les jeunes et adultes de notre association, c’est que les adultes sont jeunes depuis plus longtemps !

Quel bilan dressez vous de ces vingt années d’action pédagogique auprès des jeunes européens ?

Notre association a été créée par des parents d’élèves et des professeurs, qui n’avaient ni connexion politique, ni réseau européen. De simples particuliers qui avaient un beau projet, citoyen et humain, et ont su, par leur volonté, transformer une idée en action quotidienne pour des milliers de jeunes dans toute l’Europe. Je pense que c’est déjà là une belle leçon citoyenne. Le PEJ est aujourd’hui présent aux 4 coins de l’Europe, notamment en Ukraine, en Biélorussie et en Géorgie. Nous nous développons fortement dans les pays des Balkans. Ces territoires, autrefois si éloignés, sont désormais très proches. Mais surtout, ce sont ces milliers de jeunes qui se sont éveillés à la citoyenneté active. Dans toute l’Europe, on retrouve des anciens PEJistes dans des fonctions politiques ou associatives, et certains à de très hauts niveaux. Je suis heureux de savoir que notre association a créé des vocations publiques et citoyennes.

La Présidence française de l’Union européenne au second semestre 2008 devrait permettre de clarifier le débat en France sur l’Europe passablement brouillé par les malentendus de la campagne référendaire sur le traité constitutionnel. Comment remédier à ces malentendus ? Quelles initiatives vont être développées par le PEJ durant ces six mois ? A mon sens, ces malentendus sont le fruit d’une campagne de « mal information » de la part de nos hommes et femmes politiques depuis quelques décennies. Nous avons entendu si souvent que tout ce qui allait mal en France venait de l’Europe, et que les décisions étaient prises et imposées par des fonctionnaires bureaucrates de Bruxelles. Alors, le jour où ces mêmes hommes et femmes politiques demandent aux Français de s’exprimer sur l’Europe, ressentie comme une privation de démocratie, ils ne peuvent qu’être hostiles. Il est important dès lors de faire de la pédagogie, rappeler les raisons de la Construction européenne, comment fonctionne l’Union Européenne, qui prend les décisions, et qui détient au final le pouvoir démocratique. Nous avons réalisé l’année dernière une consultation des jeunes de 15 à 25 ans sur l’avenir de l’Europe. Elle montre que 82% des jeunes interrogés sont attachés à l’Europe, car ils y voient leur avenir, leur formation, leur métier, leur réseau d’amis. Mais ils expriment des visions différentes d’Europe. Il faut partir de cet attachement des Français pour l’Europe et commencer à tisser des liens forts entre eux. Avec la Présidence française, nous avons une chance de renouer le dialogue entre les Institutions et les citoyens. Mais avant cela, il faut faire de la pédagogie pure et simple, ce qui permettra d’avoir un débat constructif et serein, évitant de la même manière certains arguments liés à une méconnaissance et à la peur. Bien entendu, en plus d’être un lieu d’information et de débat, le PEJ-France lancera de nombreuses activités culturelles pour rapprocher les Français des autres Européens.

L’année 2008 sera d’autant plus importante pour le PEJ-France que se tiendront à Rennes, en octobre, la 59e Session Internationale du Parlement Européen des Jeunes. Comment se déroulera cette manifestation et qu’en attendez-vous ?

C’est un moment fort pour l’association car il mobilise des dizaines de jeunes pour son organisation, qui représente plus d’un an de travail. Notre association ayant organisé la 51e Session Internationale du PEJ à Paris en 2006, avec de nombreux soutiens publics et privés, je ne doute pas que nous réussirons ce nouveau pari. Pendant 10 jours, près de 300 jeunes venant des 4 coins de l’Europe se réuniront à Rennes. Les jeunes seront répartis en commissions parlementaires : affaires étrangères, culture et éducation… Le programme commencera par des exercices de communication pour former les commissions. Puis chaque commission recevra un sujet et devra réaliser un projet de loi qui y réponde. L’ensemble des résolutions sera alors présenté, débattu et voté lors d’une assemblée plénière, selon des règles parlementaires strictes. Durant les 10 jours, des activités socioculturelles permettront aux jeunes de se rencontrer, de présenter leur pays et de découvrir les cultures des autres. Des rencontres avec des personnalités locales, nationales et européennes seront aussi organisées pour permettre ce rapprochement entre les jeunes et les Institutions. Nous sommes dans un contexte favorable, où l’on souligne l’importance des initiatives citoyennes, surtout envers les jeunes. Nous espérons alors, surtout pendant la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne, que nous aurons un écho important auprès d’un public le plus large possible, afin de faire partager notre projet au plus grand nombre. 2008 ne s’arrêtera pas à cette session internationale. Tout notre réseau de clubs PEJ dans les lycées, les universités et les villes animera localement et nationalement des campagnes d’information, à travers des manifestations ludiques et culturelles. Nous espérons aussi renouveler notre consultation sur l’avenir de l’Europe, mais cette fois, à l’échelle du continent.

Le PEJ France organise deux fois par an des « simulations parlementaires » avec de nombreux lycéens. Dans le cadre de la préparation des résolutions, quelles sont les questions retenant le plus l’attention de jeunes français ?

Ce qui est frappant, c’est qu’il n’y a pas forcément un sujet qui retienne plus l’attention qu’un autre. On a tendance à croire que les jeunes ne sont capables de répondre qu’aux questions qui les touchent directement. Trop souvent, on a tourné en rond en posant comme question « comment améliorer le dialogue entre les jeunes et les hommes politiques ». La force de notre association est que nous posons aux jeunes des problèmes concrets, auxquels les adultes doivent apporter des réponses, sur des questions très variées, et parfois éloignées de leur quotidien. Je viens de lire une résolution sur l’accès de tous à l’eau potable. Je suis effaré par la maturité de ces jeunes. Ils se sont informés pour cerner le fond du problème et son lien avec les problèmes de développement et d’éducation. Ils se sont posés des questions très justes. Je dirais donc qu’il n’y a pas de questions qui retiennent davantage leur attention. La différence vient sans doute de l’approche. Les jeunes sont bien plus volontaristes, avec une empathie certaine pour les souffrances des autres. Il faut juste leur donner la chance de s’informer et de se questionner. C’est ce que nous faisons avec nos sessions.

Le PEJ ne possède pas de comités nationaux dans tous les nouveaux pays membres d’Europe centrale et orientale. Pourquoi ?

Il ne possède pas non plus de comités nationaux dans tous les pays d’Europe occidentale, comme le Danemark par exemple. Cela vient du fait que nous sommes une initiative citoyenne, indépendante des Institutions, des partis et de tout pouvoir politique. Nous nous développons donc au gré de la volonté du tout un chacun. Si nous ne sommes pas encore développés dans certains pays, c’est que notre action n’a pas encore rencontré de citoyen motivé pour le porter localement. Petit à petit, nous gagnons en notoriété, ce qui permet à notre réseau de s’étendre.

Des comités nationaux du PEJ existent dans des pays non membres de l’Union européenne, tels que la Biélorussie, l’Ukraine, la Macédoine ou encore la Turquie. Les missions et activités du PEJ sont elles de même nature dans ces pays ? Le fait que des pays comme la Biélorussie ne remplissent absolument pas les critères de Copenhague ne pose t-il pas des problèmes ?

Les activités sont plus ou moins de même nature dans tous les pays, avec quelques différences et difficultés, liées à des régimes moins ouverts. Nous œuvrons à cette ouverture. Par exemple, l’année dernière a eu lieu une session internationale à Kiev. Le cas de la Biélorussie est particulier. Les jeunes qui participent à nos activités le font clandestinement et sont régulièrement inquiétés par les autorités policières. Ces jeunes sont souvent obligés, pour organiser des activités parlementaires, d’aller à l’étranger. Le PEJ est officiellement interdit dans ce pays. Il est important en revanche pour ces jeunes de savoir qu’ils font tout de même partie d’un réseau européen, et que nous ne les abandonnons pas.

Avez-vous des projets concernant la Russie dont les dérives autoritaires sont extrêmement inquiétantes pour les Européens, et en particulier les voisins immédiats de ce pays ?

Nous avons un comité national en Russie, qui a d’ailleurs fait acte de candidature pour accueillir une session internationale prochainement. Il me semble important de continuer à agir, car c’est en donnant ce goût pour la démocratie et en sensibilisant les jeunes à l’importance d’être un citoyen actif que nous garantirons la liberté de tous. C’est aussi en rapprochant les peuples et en créant des espaces de dialogues interculturels que nous éviterons les conflits : c’est ce qui a motivé à la base la Construction européenne. Et n’oublions pas d’ailleurs que 2008 est l’année européenne du dialogue interculturel, ainsi que l’année des 60 ans de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Notre réseau agira pour célébrer ces deux thèmes annuels.

Le cœur des missions et des activités du PEJ s’inspirent du modèle du Parlement européen, symbole de la démocratie européenne. Que pensez-vous du renforcement du pouvoir des parlements nationaux dans le Traité réformateur ?

Je mets cela en parallèle avec le renforcement du rôle du Parlement européen. J’y vois une volonté de renforcer la place du citoyen dans la prise de décision, pour qu’il n’ait plus l’impression que le pouvoir démocratique a été confisqué par le Conseil européen ou la Commission. Le renforcement du pouvoir des parlements nationaux traduit le désir des Français que soient pris en compte les particularités locales. Je ne pense pas qu’il faille voir là un repli national ou l’expression d’un égoïsme. Il s’agit davantage d’un rééquilibrage des compétences et une réaffirmation du principe de subsidiarité : il faut prendre les décisions au niveau où elles sont les plus efficaces et porteuses de progrès.


 

Informations sur François Guliana
Le PEJ-France, fondé en 1994, est, actuellement présidé par François Guliana. A 26 ans, François Guliana est diplômé d’HEC, avec un second diplôme européen en management international. Passionné par la question citoyenne, et foncièrement attaché aux valeurs de la construction européenne, il a été élu président en avril 2007, avec la volonté d’étendre le réseau national du PEJ-France et de préparer la Présidence française de l’Union Européenne.
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